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Merci, Dominique, de m’avoir proposé de partager avec toi cette aventure des « vases communicants », ce vendredi 2 août 2013, merci d’avoir accueilli mon billet jumeau d’aujourd’hui — titré « De la confection à la dégustation » — dans ton blog. Cela a été un grand plaisir pour moi, parce que, mettant de côté le décalage objectif entre ton expérience et la mienne (je ne suis qu’au septième rendez-vous avec les « vases »), tu as proposé pour les vases communicants, dès le commencement, une vision très positive et amicale. D’ailleurs, il suffit d’aller sur ton blog plus récent — Le Tourne à gauche —, désormais très connu et fréquenté. Il suffit d’y lire les débats quotidiens qui se déclenchent à partir des suggestions de tes billets, toujours riches et inattendus, pour se rendre compte de ta façon unique, Dominique, de créer un climat idéal de discussion et de travail aussi.
En quoi consiste le projet de « Vases Communicants », lancé par Le tiers livre (François Bon) et Scriptopolis (Jérôme Denis) ? Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. La liste complète des participants est établie justement grâce à Brigitte Célérier.
G.M.
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Une femme (pas tout à fait) seule
Quand tu m’as envoyé ton fichier « Zip » (la fermeture-éclair des photos), cher Giovanni, j’ai eu du mal à choisir l’un des clichés car tous possédaient leur charme et leur unité : l’affiche d’Une femme seule, pièce de théâtre de Dario Fo et Franca Rame dans laquelle ta fille Gabriella avait joué en 2011, du 22 août au 19 décembre.
La photo numéro 8 m’a frappée (en douceur) car le visage de l’interprète était comme surmonté de celui d’une autre actrice, une femme peinte peut-être par Tamara de Lampicka – ne pas oublier d’aller voir cette expo avant sa fermeture le 8 septembre prochain. Sa pose à l’envers montrait, comme pour une carte à jouer, qu’un visage est réversible, sensible au mouvement, et peut faire logiquement (ou parfois sans aucune logique) tourner la tête.
Et puis, il est naturel de sortir de l’introversion : le théâtre sert sans doute à cela, sans parler de « catharsis » ou, pire, de « purgation ». Le personnage sur scène permet que l’on se glisse d’autant plus facilement dans sa peau qu’il est présent : ici, la femme (pas tout à fait) seule est presque à portée de main, physiquement ; son image n’est pas éloignée, irrémédiablement, comme sur un écran de cinéma.
J’ai imaginé cette représentation au théâtre des Déchargeurs (il porte le nom étrange de cette rue, et cela lui va bien) : Gabriella – donc Maria – est dans son appartement et la fenêtre s’ouvre sur un autre horizon que celui dans lequel l’avait enfermé son mari. Elle chante à tue-tête (comme une révolutionnaire), elle enchante, devine-t-on, ceux qui la voient et l’écoutent depuis leur siège dans la salle.
Elle s’extravertit, sans sauter dans le vide, sa prison mobilière est devenue, grâce à une voisine, un lieu où elle peut enfin s’exprimer, se laisser aller, vivre ou rêver.
L’Italienne a peut-être (j’imagine…) ramené avec elle tous les parfums de la péninsule, Casanova, les canaux de Venise, la Toscane, Florence et Rome… Nous sommes transportés en Italie par la magie de la parole et du chant, je me demande même si l’on sent l’odeur du parmesan, si l’on voit la fumée des pâtes fraîches et si l’on aperçoit la bouteille de San Giovese posée sur la table de la cuisine.
Alors, tu auras été sadique avec moi, cher Giovanni : je n’ai pas vu ta fille jouer sur scène mais des photos (et cette vidéo jointe) en gardent le souvenir.
Dario Fo a toujours été un peu fou, sans doute connaît-il aussi bien le français que l’italien. Et pour toi, pas de problème : tu sais admirablement, avec ton art inimitable, dessiner et écrire d’autres mises en scène.
Texte : Dominique Hasselmann
Photo : Giovanni Merloni
http://doha75.wordpress.com/2013/08/02/de-la-confection-a-la-degustation/
Pingback: De la confection à la dégustation | Le Tourne-à-gauche
Pour faire du théâtre il faut être un peut fou ou un peu « Fo »
Pourtant, « Une femme seule », que Dario Fo a écrite avec Franca Rame, récemment décédée, est dans le fond une pièce assez réelle et dramatique ou le décalage de la folie ou de la démesure verbale a justement la fonction d’endiguer la possible perte de la raison.
@lizathenes : le « u » manquant à (Dario) Fo est peut-être caché dans la façade du restaurant (UZO…) à partir de laquelle Giovanni a imaginé un scénario rocambolesque ?
Cette réflexion sur le théâtre après retournement de tête me fait penser à Calderon et sa vie « songée » “ Qu’est-ce que la vie ? Un délire. Qu’est-ce que la vie ? Une ombre, une illusion ; et le plus grand des biens ne compte guère. Oui, toute la vie est un songe ; et les songes eux-mêmes, que sont-ils ? Songe ! ”
C’est peut-être la vie qui est la mise en catharsis du théâtre. Dans ce monde où tout est écran, mise en surface et images (Baudrillard pas loin aussi) me semble parfois que l’idée pourrait être admise.
En tout cas, Dario Fo est un auteur subversif, qui utilise le paradoxe (ne faisant qu’un avec la réalité la plus dure, affreuse) pour faire déclencher sa catharsis. Son comique est toujours tragique, voire désespéré.
Je ne connais pas Dario Fo. Une occasion d’entrer en matière après lecture !
il est joli de découvrir dans cette image que le magasin traverse l’immeuble pour nous faire aboutir au jardin … L’été, voilà, l’été, et l’Italie, qui en est l’un des pays inventeurs (je me souviens des glaces pilées noyées de fraises et de citrons que nous dégustions sur la plage de Foce Verde, sur la strada Lungomare, des granites, vers Latina) (spécial GM : je me souviens aussi des foccacine qui se dégustent près du port de Gênes, ville magnifique, et du bateau qu’on prend pour rallier Cinque Terre) (l’Italie, toute l’Italie, rien que l’Italie… et l’été)
Merci. J’avais ma sœur à Gênes-Sestri, où habitent maintenant mes deux neveux. J’aime beaucoup cette ville et plusieurs endroits aux alentours, dont les Cinque Terre représentent sans doute une des étapes les plus agréables à faire, au moins une fois dans la vie !
@ PdB : photo prise rue des Archives le 13 juillet à cause de l’ancienne inscription et découverte après coup (en la transéférant su mon Mac) des « liens » possibles à imaginer avec la fonction actuelle du commerce?
Giovanni a su « surfer » sur la surface de la façade.
Cette Tamara n’est plus une Lolita.
@ dominique autrou : Nabokov l’aurait quand même appréciée, qui sait ?