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Giovanni Merloni, Les deux îles, acrylique sur carton 54 x 78 cm, 2018

Un insoumis raisonnable

Quand j’étais dans le plein de mes forces, je trouvais toujours dans mon esprit la façon de faire front aux ruptures et aux tempêtes que mon destin d’insoumis raisonnable me préparait au fur et à mesure de mes inévitables tournants de vie.
Dans mon for intérieur, je me fabriquais un antidote aussi puissant que désespéré venant de deux mots clés : « la quête d’un ailleurs » où je pouvais recommencer derechef ma vie ; « l’amour pour une femme » surgissant de cet ailleurs. Une femme qui serait la raison même de mon changement.
Et cet amour a toujours réussi soit à soigner les blessures que j’avais accumulées avant, soit à m’octroyer de nouvelles citoyennetés… même si cela a souvent entraîné d’écrasantes bombes à retardement qui ont explosé bruyamment dans mon corps et mon âme brisant mes certitudes et ma naturelle insouciance.
Par conséquent, j’ai toujours été un insoumis qui ne savait pas l’être jusqu’au bout, un peu comme Baptiste, l’inoubliable funambule des Enfants du paradis…

Maintenant, depuis que les forces ne sont plus tout à fait les mêmes, mon désir de changement et d’intégration dans un monde nouveau cognerait inexorablement avec le manque de quelque chose que je n’ai pas oublié d’avoir eu, mais je n’ai plus.
Donc, je ne bouge pas. Mais si jamais je devais brusquement déménager et me sauver ailleurs, ma vie future serait probablement hantée par l’impossibilité de profiter jusqu’au bout de l’amour pour vaincre la solitude…

Giovanni Merloni